© Mélina

© Mélina

Edouard

jeudi 27 avril 2023 06:46

Nappé de bleu, si nuancé même de bleus.
Le vert encore sombre aux aurores a laissé place aux blancs, aux quatre coins de la page paysage.
À peine le temps de jauger de la fenêtre de tir, que les ponctuations arrangées du petit matin ont-elles aussi laissé place…
Ce lent processus à l’extérieur n’a d’égal dans la lenteur que la progression de cette Belle limace.
Aux sommets des herbes, blanches thermophiles ? Sur les mousses, graciles pétrophiles parmi sedum et lichens. Quasi immobiles comme la muraille dont ils sont faits.
Seule la limace progresse, et vite, j’en perds la trace…
Alors qu’après m’être déchaussé, avoir jaugé l’espace, le boyau dans lequel moi aussi je suis contraint, ma coquille, après avoir essayé de repasser les murs, toucher le plafond, décoincer les épaules, prendre mon temps… je réalisais que tout me conduisait à vouloir déployer mes ailes et rejoindre la piste d’atterrissage de la gare. Seules, dans le brouillard désormais installé dans la page, seules ces lueurs d’une nuit révolue mais résistant au jour, seules tes loupiotes veilleuses elles aussi percevaient une sensation de profondeur. Une perspective ?
L’envie de sauter dans le vide n’est point, l’élan n’est plus.
Nez contre la vitre, buée.
Calfeutré, pris dans les nues, dans le coton dense à couper, je pose, après mes pieds, mes doigts, mes yeux… ma voix.
Et je deviens brouillard. Je produis sur la vitre mon opacité.
Je veille au sfumato, à l’absence de contours. Pas de vue. Des sensations.
Ôm, sweet ôm.
Pas d’envol.
Un souffle retrouvé.