© Anne-Cécile

© Anne-Cécile

Florent

samedi 10 septembre 2022 19:13

Tout juste les lampadaires communaux de Capdenac s’allumaient-ils que je devais ressortir de l’enclos boisé. 20H13 était-il donc, 60 minutes s’étaient écoulées.
Au tout départ je me suis concocté des scénarii.
Oui le soleil en se couchant allait finir par traverser « la boîte » et je serais baigné dans la lumière quelques minutes.
Oui, des spectateurs allaient sûrement s’installer en contrebas, au bord de la rivière, pour regarder la « boîte » s’éclairer ; parce qu’elle allait forcément s’illuminer.
Oui, de la musique allait emplir l’espace de la « boîte » car mon accompagnatrice devait probablement enclencher une ambiance sonore.
Oui il se passerait quelque chose.

Finalement il ne s’est rien passé. Ou plutôt si, c’est le rien qui est passé pendant 60 minutes. Et le rien a du bon : j’ai ainsi pu ressentir l’espace de la boîte, méditer en lotus, arpenter le bois pieds nus, toucher les parois, contempler les oiseaux et les cimes des arbres juste en dessous, observer les insectes ramper, sur la paroi vitrée de laquelle je me suis souvent rapproché.
Et subitement, il ne se passa rien de plus.
Mais j’ai compris que le temps a coulé dans la vallée, comme une eau calme d’une rivière loin du tumulte fluvial. Les lampadaires de la gare s’étaient allumés, un match de foot (ou bien de rugby) avait démarré sur la droite là-bas, une rame de train avait été déplacée, un couple était en train de s’installer pour la nuit au bord de la rivière, l’ombre avait poursuivi son inexorable progression qui plongeait Capdenac dans ce qui précède la nuit, le ciel avait rosi et moi j’avais vécu 60 minutes contemplatives. Ce ne sont pas des sensations fortes qui s’éteignent vite, mais des sensations faibles qui vont rester longtemps ancrées en moi car la lenteur est finalement grandiose.

Merci Anne-C de m’avoir permis de vivre l’expérience !