© Jo

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samedi 26 novembre 2022 08:00

Veilleur absent, comme prévu j’assure la veille seul. Brouillard épais sur la vallée, et ma silhouette dessinée dans le cadre lumineux. 4 pas en arrière, elle s’efface totalement. Et dans ma tête : je suis arrivé de Gaillac un décembre 2020. J’habite Capdenac le Haut, à 100 m de l’abri des veilleurs…
En octobre 2016, le cancer m’a attrapé – 1er opération, on m’enlève 25 cm de colon – 2018- 2019, ça va mieux et intermède sur le Rond-Point, avec un gilet jaune sur le dos. En février 2019 rebelotte, 2e opération, on m’enlève 120 cm d’intestin. En février 2021 nouvelle reprise. Opération trop risquée ! Chimiothérapie de Mars à septembre 2021 qui rend l’opération possible. 25 Novembre 2021, on m’enlève le reste de tumeur et avec elle l’uretère et le rein droit ! Et me voilà réduit à un état physique presque détruit, et guère mieux psychologiquement. Isolé, coupé du monde, de la vie ! Et arrive « les Veilleurs de Capdenac ». J’avais repris un peu du « poil de la bête ». Le 10 juillet je fais mon heure de veille, puis il m’est proposé de devenir accompagnant, ce que j’accepte avec joie. Depuis j’ai fait de nombreux accompagnements. Tous m’ont permis de rencontrer des gens formidables avec qui j’ai pu échanger, et retrouver ainsi un peu de la vie sociale qui me faisait défaut. Pour moi ce fut quasiment un retour à la vie. Des rencontres improbables, des gens qui deviennent, pour certains, des amis. Mon horizon qui s’ouvre enfin un peu. Des gens pleins d’empathie et d’encouragement qui me redonnent espoir. Tout ça grâce à cette idée lumineuse de Joanne, à Derrière le Hublot, à Fred, Juliette, Louise… que je ne remercierai jamais assez, et en plus, tout près de chez moi. Octobre 2022, voilà le crabe qui revient, chimio qui recommence. Une issue toujours aussi incertaine ! Ce qui est sûr, c’est que tant que j’en aurai la force entre les séances de chimio, je continuerai avec Bonheur à assurer des accompagnements. Pour moi, c’est devenu une véritable thérapie. Merci à vous tous pour ces jours, ces rencontres, ces joies. Ce n’est que du bonheur, et merci aussi de pardonner ma prose. Merci à tous d’être un maillon de cette chaîne qui pour moi est celle de l’espoir.