© Jo

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Marie

dimanche 23 octobre 2022 17:56

Le ciel est bouché. Je parcours le paysage dans ses 180°. « Moi, j’aime Capdenac ». Cette phrase me vient en tête. Elle me vient de ma grand -mère. Elle affirmait souvent cela, comme pour répondre à un hypothétique contradicteur. Elle trouvait Capdenac joli, agréable. Je me surprends depuis quelques années à prononcer cette même phrase. Ça amuse mes amis. Le ciel s’éclaire d’une lumière orange douce. Je ne vois plus que le train chenille gris à tête rouge. C’est la vedette du paysage. Un train arrive, rouge lui aussi. J’ai de la chance. Moi, j’aime les trains. Une musique me vient à l’esprit, love in rain. Je fredonne When the train left the station… Cinq corbeaux passent devant moi, tout près. Je me mets à surveiller. À scruter. Je surveille le monsieur qui traverse le pont à pied, le bois flotté qui descend sur le Lot, un camion rouge qui roule tout doucement, je passe de l’un à l’autre. Je veux voir où ils vont. Un train quitte la gare. Je suis gâtée. Je le suis jusqu’à le perdre entre des maisons. Les maisons de Capdenac. Certaines ont ma préférence. Je les cherche. J’en trouve. La lumière pâlit un peu. L’ombre gagne la colline boisée à gauche. Je pense à ce film où un photographe prend une photo chaque jour, à la même heure, du carrefour en bas de chez lui Smoke. J’aurai l’envie de prendre en photos le paysage ainsi chaque jour. Puis mon regard ne s’accroche plus à rien précisément. Je suis en veille. La lumière s’estompe. J’aimerais passer la nuit là jusqu’à l’arrivée du veilleur suivant. Un train passe à nouveau, il sonne l’heure du réveil. Je le regarde dans les yeux. Moi, j’aime.