© Michèle

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Aurélie

vendredi 24 juin 2022 06:06

Éveil matinal, pas besoin d’une sonnerie. Appel à la veille. Commencer par s’étirer, puis se lever, se laver, s’habiller, chausser ses baskets, les lasser… Comprendre le rituel, entrer dans la routine du Veilleur. Se relier aux autres lève-tôt, à la communauté des Veilleurs et se demander ce qu’il en est pour chacun parce que ce matin j’ai rendez-vous avec… Je le sais, j’ai reçu le sms. Michèle m’attend. Regarder l’heure. Sortir de la maison. Démarrer la voiture et me dire qu’avec un peu d’anticipation j’aurais préféré faire l’ascension à pied. Partir, longer le Lot et la ville endormie, être saisie par les voitures que je croise, penser que j’étais seule, réaliser qu’il n’en est rien. Puis monter. Me faire surprendre par le brouillard et enfin arriver au rendez-vous. Ça fait déjà une heure que la veille a commencé pour moi. Le rituel est en place, la chorégraphie bat déjà son plein. L’éprouver. Rencontrer Michèle. Retrouver Michèle. Je la connais. C’est bien et c’est bientôt l’heure. 

6h06. Prendre une inspiration depuis l’annexe, regarder l’objet-abri. Re-découvrir son architecture. S’émouvoir. C’est à moi. J’y vais. J’entre, m’arrête et observe ce long couloir, sous l’effet de la lumière, il se déplie, se déploie, l’espace s’ouvre. Point du jour par deux fois encadré. Avancer vers Capdenac-Gare depuis le Haut. Accepter de ne pas se voir, pas tout voir, me déployer le long de la vie pour mieux observer. Dehors il se met à pleuvoir, de plus en plus, étouffent le chant des oiseaux. La vitre se remplit d’eau pendant que mon corps s’éveille, se met en mouvement, qu’il accompagne la valse de la ville, le brouillard oscillant hésitant à monter à moi. Tout se transforme à mesure que le jour se lève et que la pluie augmente. Retour au corps, soulager les lombaires. Éveiller les articulations, veiller la ville, l’espace, la nature. Est-ce que quelqu’un me voit ? Distinguer une silhouette anonyme et avoir en conscience que je suis la part visible et invisible de cette ville. La distance avec le paysage me rapproche curieusement de lui et des habitants que je sais être là. Sentir cette connexion entre l’environnement, le temps qui s’écoule le long de la vitre désormais pleine de gouttelettes et Capdenac-Monde. Reculer, aller observer le paysage de plus loin, prendre du champ, faire les cents pas. 7h00 sonne. Mon temps est compté, je voudrais me suspendre encore.