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Thierry

jeudi 23 juin 2022 20:40

Sacrée responsabilité de scruter ce petit bout de monde. Sentir d’abord cette odeur rassurante de résineux avant d’accomplir l’acte artistique. Au début vouloir trouver une légitimité. Est-ce « normal » qu’un fils d’ouvrier et de mère au foyer surveille ces contemporains ? Mais très vite les craintes s’en vont ; là-haut se prendre facilement pour un demi-dieu. Et vouloir savoir tout ce qu’il se passe dans chaque foyer. Penser pouvoir infléchir des vies juste d’un regard. Puis plus prosaïquement voir un train qui passe, une barque à moteur, quelques voitures pied au plancher sur le pont, les camions, pas d’avions, pas de bus. Enfin la nature se rappelle à nous, une buse, des martinets, des hirondelles, à la nuit tombante les corbeaux. Et la flore me direz-vous : frênes, robinier, œillets, lierres, chênes… Tout est là sous les yeux inquisiteurs du Veilleur. Il ne faut pas oublier la pluie et ses odeurs, ses nuages chargés apportant l’obscurité. Et à ce moment précis, la fée électricité, quartier par quartier, éclaire la ville entière. Et à la toute fin, le rire d’un enfant… 

À peine une heure mais la satisfaction du devoir accompli. Sans préambule devenir un funambule puis un somnambule à la nuit serrant sur nous ses mandibules se croire un joyeux noctambule léger comme une bulle