© Nadine

© Nadine

Cécile

samedi 17 décembre 2022 08:21

Les petites herbes sur le mur vibrent au même rythme que mes jambes. J’ai froid.
Je n’ai pas envie de bouger plus que ça.
J’ai envie de veiller. D’être attentive et observatrice.
Au monde et aux autres plus qu’à moi-même.
Je me sens responsable d’une mission poétique.
Les rails dessinent un muscle dont l’insertion se situe dans le lot. Mes cuisses vibrent encore.
La terre tourne un peu plus. Le soleil pointe.
Le blanc devient bleu. Les ombres naissent.
Les traits que dessinent les avions dans le ciel font écho au rectangle de lumière dans la boîte. Chaleur sur mon front.
Je pense à moi. Je pense à moi et aux autres en même temps. Je vois mon reflet sur la vitre. Le rectangle de lumière m’inclue dans le tableau. Je suis interprète. La cloche sonne la demie.
J’ai froid aux fesses, je me tourne pour ressentir la chaleur derrière moi. Je vois mon ombre dans un cadre. Je danse un peu dans le cadre. Je m’en fiche de danser. Je suis danseuse alors là j’ai envie de sentir la danse autrement. Je ne veux pas gesticuler pour rien ou alors pour me réchauffer. Je fais un jeu.
Quand les voitures disparaissent dans le Lot je lève un bras. Je me laisse distraire. Les ombres ont poussé.
Soulage. Soulage. Plus le soleil brille, plus il y a d’obscurité. Noir profond, brillance. Outrenoir.
Un deuxième soleil nait sur le pare-brise d’une bagnole. La lumière dans la fumée des maisons.
Combien de maisons sont chauffées au bois ?
Oh ! Là-bas je n’avais pas encore regardé… tiens.
La cloche sonne neuf heures. Je pense à vous tous.
Je me love dans un angle en appui contre la vitre.
Je m’endors presque. C’est Capdenac qui veille sur moi.
Un pêcheur s’avance sur sa barque sur le Lot sur le monde sur le temps qui coule comme le Lot. J’entends Nadine qui monte les marches.