© Guy

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Jean-Louis

vendredi 15 juillet 2022 06:19

Il est six heures. Le ciel est balayé d’une large bande rouge. Le sommeil est encore là. Le tressage en bois de cette guérite en bois dessine sa charpente dans le clair-obscur. Je ne suis pas le premier malgré mon avance. Guy est déjà là. Quelques mots aimables, et me voilà guidé vers ce qui s’apparente un peu à une cage, dont je serai soit le lapin, soit le tigre. La porte une fois poussée, je me place au plus près de la vitre. Capdenac-Gare se détend. Lentement la noirceur reflue et laisse apparaître la ville. Je regarde se déplier, de cet endroit qui n’est plus en fait une cage, mais un ballon, une nacelle suspendue à une montgolfière paisible au-dessus du Lot, puis les rues qui lentement quadrillent à leur tour le tapis gris des routes et des trottoirs. Mais évidemment, ce qui occupe, attire, fascine mon regard, c’est la large fourche des rails qui écarte ses larges doigts sur la moitié de mon champ de vision. Pas un train ne bouge, pas de sifflet ni de passagers, simplement, au repos cette empreinte laissée au sol par une activité qui semble attendre de se souvenir. Je comprends que la ville tient dans les faisceaux de ses nerfs un peu rouillés mais toujours présents dans les mémoires des lieux. Je regarde plus loin, je ne bouge pas, il fait frais. Lentement les maisons se colorent. Je ne sais pourquoi mais je me rends compte que je souris. Tout est si paisible. Les maisons, les garages, les usines, le château à droite, les premiers camions, tout est si petit, calme. Ce lieu de la ville tout a coup me parait innocent, disponible, me revient l’image de mes jeux d’enfant. De l’autre côté, la vitre laisse apparaître dans son cadre les murs ancestraux, épais, fleuris de petites plantes têtues, l’histoire est sertie dans cette pierre grise, les mêmes tiennent encore le donjon en arrière-plan. Je ne peux pas dire en quelques mots toutes ces pensées, ces émotions, ces sensations éprouvées. Elles ne s’expriment pas encore par les mots. Il me faudra du temps pour intégrer cette expérience, et là je n’ai plus de place.  

Merci à tous 

Jean-Louis, le veilleur est maintenant éveillé